Expectatives

Publié le par Vivien

Au Liban, on passe son temps à attendre beaucoup de choses: le retour de l’électricité après la coupure quotidienne pour ne pas prendre sa douche dans le noir, le retour de l’eau pour pouvoir prendre sa douche, la neige dans les montagnes qui permettra d’ouvrir les stations de ski mais aussi d’assurer l’approvisionnement en eau cet été lors de la fonte, etc…

 

Sauf que dernièrement, on « s’attend » à autre chose, à savoir la prochaine intervention israélienne au Liban. Cela fait un petit moment déjà, au moins depuis l’été dernier que les généraux de Tsahal (l’armée Israélienne) parlent d’une attaque pour l’hiver ou le printemps.


Finalement, l’automne était assez calme, juste quelques survols à basse-altitudes d’avions de combats israéliens en octobre pour m’habituer à cette constante peur qui n’empêche plus de vivre les Libanais depuis longtemps.

 

Depuis début janvier en revanche, c’est l’ébullition. Enfin, en restant à Beyrouth on ne ressent pas tellement cette ébullition. C’est surtout sur internet ou dans le sud et l’est du Liban que l’on perçoit la menace. Sur internet également où chaque journal parle de l’intervention qui se rapproche, quelle serait la réaction du Hezbollah et plus récemment l’appel à l’aide de Saad Hariri, le premier ministre Libanais en visite à Paris cette semaine.

 

Pour être informé, mieux vaut carrément aller voir ce qu’il se passe de l’autre côté, c'est-à-dire sur le site web d’Haaretz, journal progressiste israélien où l’on apprend effectivement que des mouvements de troupes ont lieu du côté israélien de la frontière.

 

A l’occasion de la visite d’amis français en Erasmus à Istanbul, j’ai eu l’opportunité de les accompagner et de servir de guide à quelques kilomètres de la frontière cette semaine (à Château Beaufort). Le temps pourri et la couverture nuageuse empêchant tout survol d’hélicoptères ou de drones sur la frontière, les miliciens du Hezbollah ne chômaient pas pour déplacer roquettes ou approvisionner le site. Sur le chemin du retour, c’est même carrément un convoi de jeeps et de camions que l’on a croisé en sens inverse. Bref, chacun s’active de son côté.

 

De plus, les survols du pays n’ont jamais été aussi importants ces derniers mois, à raison d’une vingtaine de missions d’observations quotidiennes de l’aviation de Tsahal. Les avions ne volent pas au-dessus de Beyrouth cependant. La Syrie a rappelé les réservistes de son armée jeudi dernier dans l’hypothèse où les Israéliens emprunteraient la voie du Golan et de la Syrie pour accéder au Liban.

 

En juillet 2006, la guerre menée par Tsahal était surtout faite de bombardements et de phases aériennes, l’intervention terrestre n’eut lieu que tardivement. Cette stratégie s’est avérée inefficace, les roquettes du Hezbollah continuant de pleuvoir sur le nord d’Israël, mais révélant surtout la non-préparation de l’armée israélienne au terrain montagneux du sud-Liban.

 

Ainsi, les possibles scénarios tablent sur une intervention en février ou mars. Au final, la météo politique est aussi fiable que celle d’Evelyne Dhélia sur TF1, donc celui qui prétend pouvoir prévoir quelque chose avec certitude au Proche-Orient n’est au mieux qu’un imposteur.

 

L’enjeu réel est de savoir qui du Hezbollah ou de Tsahal fera le premier la faute menant à l’escalade. L’arbitre (la FINUL, force intérimaire des Nations Unis au Liban) n’aura pas son mot à dire, ça c’est en revanche une certitude admise par l’ensemble des analystes politiques.

 

En lisant la presse, j’ai trouvé cette très belle phrase d’un journaliste de l’Orient-Le-Jour (Elie Fayad), quotidien francophone opposé au hezbollah mais qui hors du contexte de l’article est d’une justesse étonnante :

 

"Si vous étiez à la place de Benjamin Netanyahu ou d'Avigdor Liebermann, c'est-à-dire d'hommes qui continuent de croire qu'Israël ne peut survivre dans la région que par une logique de guerre perpétuelle, quelle image des Arabes voudriez-vous voir refléter chez les décideurs, autrement dit en Occident ? Celle de l'homme civilisé réclamant simplement son droit ou bien celle du repoussoir obscurantiste et arriéré prêt à toutes les surenchères ?"

 

Voilà, la neige est arrivée, les stations de ski viennent d’ouvrir dans la montagne Libanaise. La semaine prochaine j’irai faire du snowboard, en toute insouciance, guettant du coin de l’œil le ciel. En espérant qu’il ne soit pas trop chargé.Liban 0766

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M
<br /> Waw. Pour une fois ton article ne m'a pas vraiment paru compliqué, ce qui ne pas l'a rendu moins effrayant pour autant...<br /> Session Skype, prochainement ? Désolée d'être si... lente, ou absente, mais en ce moment je jongle un peu avec les exams et les papers à rendre... Tu comprends, j'aimerais à peu près m'en<br /> débarrasser avant mon départ pour ton cher pays du cèdre.<br /> See you soon (?)<br /> <br /> <br />
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